
Auteur : Bruno Mouly
3 mn de lecture
Les loueurs courte durée face au défi du passage à l’électrique
Contraints de verdir leur flotte, les loueurs courte durée encouragent leurs clients à opter pour la location de véhicules électriques, ce qui leur permet de rentabiliser leur exploitation grâce à un taux d’utilisation élevé.
A condition toutefois de convaincre un maximum de clients de franchir le pas vers l’électrique.
Pour introduire progressivement des véhicules électriques dans leur flotte, les loueurs de courte durée dont le parc comporte plus de cent véhicules, n’ont pas d’autre choix que de jongler d’un côté avec la pression réglementaire sur le verdissement des flottes et de l’autre avec des impératifs de rentabilité d’exploitation des véhicules électriques.
« L’enjeu pour les loueurs est de convaincre un maximum de leurs clients habitués aux voitures thermiques de louer des véhicules électriques. Ces dernières revenant beaucoup plus cher à l’achat, la problématique est de rentabiliser leur exploitation par un taux d’utilisation maximum et par des contrats de rachat avec les constructeurs les plus avantageux possible sur leurs valeurs résiduelles au bout de 6 mois, 9 mois ou 24 mois d’usage »
Pierre Anjuère
Directeur d’un loueur partenaire du réseau Res@Car.
Le TCO des véhicules électriques attractif sur une longue durée d’usage
Un défi difficile à relever lorsque l’on sait que la demande des clients en véhicules électriques est encore faible, que le coût de possession (TCO) de ces véhicules propres est en général plus élevé que celui des véhicules thermiques, que leur taux d’usage est de 20% à 25% moindre et qu’il faut investir en plus dans des bornes de recharge.
Des solutions se dessinent néanmoins : « Pour mieux maîtriser les coûts d’usage, nous avons par exemple choisi d’acheter les véhicules électriques avec un contrat «buy back» systématique. Et pour faciliter leur rechargement sur nos agences ou en itinérance, nous avons noué un partenariat avec un opérateur de bornes électriques. Nous estimons ainsi que le TCO de nos véhicules électriques, en incluant le coût d’entretien, se rapproche de celui de nos motorisations thermiques au bout de 18 mois d’exploitation », explique Pierre Anjuère.
80% d’hybrides auto-rechargeables, 20% de véhicules électriques et thermiques
Ce partenaire du réseau Res@Car, qui dispose d’un maillage de franchisés de proximité sur le territoire national dont les parcs n’excèdent pas 60 véhicules, n’est soumis à la LOM que dans ses trois succursales qui comptent en moyenne quelque 400 véhicules chacune.
Ce qui n’empêche pas certains franchisés situés dans les grandes villes de province d’intégrer jusqu’à 20% à 30% de voitures électriques dans leur flotte pour répondre à la demande d’une clientèle urbaine ayant plus d’appétence pour ce type de motorisation qu’en milieu rural ou périurbain.
« La plupart des parcs de nos agences franchisées sont composés de véhicules thermiques. C’est à chaque directeur d’agence de construire sa propre stratégie de passage à l’électrique », souligne Pierre Anjuère.
Ce loueur partenaire de Res@Car propose en revanche, dans ses trois succursales, environ 80% de véhicules hydrides auto-rechargeables (ou full hybrides) et 20% de véhicules électriques et thermiques.
« Les hybrides rechargeables n’intéressent pas les clients qui se contentent de rouler majoritairement en thermique et un peu en électrique jusqu’à décharger les batteries. Alors que les full hybrides qui ne demandent pas de bornes de recharge, sont pertinentes pour eux et pour nous », relève-t-il.
Mais les loueurs de courte durée de plus de 100 véhicules ne peuvent pas s’en tenir qu’aux full hybrides, considérés comme des véhicules thermiques par la réglementation, ils doivent s’adapter.
Comment convaincre un maximum de clients de louer un véhicule électrique ?
Pour coller aux exigences de la Loi d’orientation des mobilités (LOM) qui impose un quota annuel croissant de véhicules à faible émission dans les flottes sous peine de lourdes sanctions financières, les loueurs sont obligés d’introduire massivement des véhicules électriques dans leur parc.
« Notre challenge est de changer la perception qu’ont les clients des véhicules électriques. La location de courte durée est un formidable moyen pour les constructeurs de permettre aux habitués de la motorisation thermique de tester et de se familiariser avec leurs modèles électriques. Mais au bout du compte c’est bien le client qui décide », estime Pierre Anjuère.
Pour doper la location de véhicules électriques, les loueurs peuvent néanmoins bénéficier du mécanisme d’aide à l’achat de la prime des certificats d’économie d’énergie (CEE) : jusqu’à 400 euros par véhicule particulier et 2 500 euros par véhicule pour les utilitaires légers à condition de les conserver pendant 24 mois.
Ajuster la proportion de véhicules électriques en fonction de la demande
Pour l’heure, il s’agit surtout pour les loueurs d’ajuster la bonne proportion de véhicules électriques en fonction de la demande client et de continuer à en persuader le plus possible de passer à l’électrique.
D’autant que la conjoncture n’est pas bonne. En net recul, la location de courte durée des voitures électriques est le reflet du repli de 7% des ventes de véhicules électriques neufs aux particuliers par rapport au premier semestre 2024.